Rinnengan No Jigoku [Phase 2 PV Mashia/Takashi]

Un bien mystérieux cortège s'éleva dans un ciel aussi noir que le plumage de leur monture. Dans ce manteau obscur, à l'instar d'une belle tapisserie, y était brodé d'innombrables étoiles rivalisant en beauté avec la lune elle même. Maîtresse dominatrice de ce monde, les deux jeunes gens paraissaient bien petits à côté de tant de splendeur.
C'est avec une certaine appréhension que la jeune Mashia s'était hissée aux côtés de cette mystérieuse personne répondant au nom de Takashi.
Leur voyage promettait d'être paisible et agréable bien qu'il fut très vite perturbé par une procession de corbeaux, attirés par cet étrange congénère.
Les croassements de ces lugubres oiseaux interpella la kunoichi, intriguée par leur aspect depuis la première fois qu'elle en avait vu un.
Chaque fois qu'elle se perdait dans la contemplation de ces bêtes un sentiment étrange venait l'envahir au plus profond d'elle même, l'obligeant à détourner son regard. Mashia refoula le désir de se plonger dans les souvenirs d'un lointain passé afin d'y trouver la cause de ce malaise.
À quoi bon plonger dans les affres de la douleur? Surtout quand se profilait à l'horizon un destin tout aussi aberrant.
Mais là où son regard azuré se posait, tout lui rappelait un épisode de sa vie.
La jeune femme n'eut d'autre choix que de fermer les yeux et se laisser aller à la douce cadence des battements d'ailes du volatile. Somnolente, elle peinait à ne pas dodeliner de la tête quand tout à coup, l'oiseau inclina brutalement son aile sur le côté, entamant la descente.

Il ne leur avait fallut que quelque heures pour traverser le territoire d'Oto, et celui, plus vaste de Konoha pour enfin apercevoir les forêts luxuriantes d'Ame no Kuni.
L'immense corbeau venait tout juste de se poser dans une clairière, à quelques lieux du village mais assez près pour prendre le temps de réfléchir quant à la tactique qui devrait être utilisée.
L'esprit stratège de la jeune Mokushi bouillonnait, si bien qu'en descendant de la monture elle faillit perdre l'équilibre.
Fronçant les sourcils, preuve évidente de sa frustration, Mashia pivota plus élégamment cette fois sur ses talons pour observer son partenaire.
Bien que beaucoup d'hommes paraissent grands à côté d'elle, l'homme qui se tenait devant elle l'était bien plus que ceux qu'elle connaissait.
Le masque qu'il arborait ajoutait du mystère autour de sa personne mais Mashia suspectait qu'il ne cache en réalité aux yeux de tous les expressions qui auraient fait de lui un être capable de sensibilité. Elle, en avait cure, parfaitement capable après des années de méditation de maîtriser ce difficile travail sur soi. La constitution d'un masque parfait d'indifférence.
La non-expressivité permettait de ne pas trahir le moindre trouble interne et d'offrir une apparente sérénité.
Un contrôle absolu de sa personne, voilà un atout indéniable durant un combat.
Un œil unique semblait l'étudier et de celui-ci transparaissait son caractère qu'elle ne parvenait pas totalement définir.
L'homme à son tour mit pied à terre et fit prestement disparaître le corbeau d'un claquement de doigt.
Sans plus de cérémonies la jeune femme arrêta son étude pour décrocher sa cape de velours. Dans un bruissement de tissus, l'étoffe se rependit tout autour d'elle dans un joli drapé.
Elle s'agenouilla pour fouiller dans ses sacoches afin d'y sortir une fine baguette en bois finement ouvragée. L'utilisant pour attacher ses cheveux sur sa nuque, la jeune femme se coiffa en vue des circonstances : sa chevelure ne devait en aucun cas la gêner lors des affrontements.
Levant ses yeux vers Takashi, la jeune femme jugeant bon qu'ils leur restait un peu de temps demanda une courte requête.

«Je suis navrée de vous demander cela mais j'ai dans l'habitude de purifier mon corps avant la bataille, mon entraînement aussi rigoureux soit-il, requiert aussi une part de repos du corps et de l'esprit.
Je propose donc de faire une petite halte. Je ne serais pas longue.»

Sans attendre de réponse Mashia fit volte face pour s'enfoncer parmi les saules. Ces derniers proliféraient d'une manière assez spectaculaire et leurs branches, se mouvaient avec grâce dans une danse obsédante. Hypnotisée par ces arbres connotant pour elle une certaine tristesse elle en choisit un dont les feuilles étaient secouées par le vent, produisant une mélodie douce à ses oreilles.
Comme pour répondre à cet hymne à la nature, la jeune femme décrocha le katana et une large boîte qu'elle transportait sur son dos.


La jeune femme, avec douceur, ouvrit le couvercle révélant un violon : autre vestige de son passé.
Quand l'archet effleura les cordes de l'instrument et que les premières notes s'élevèrent, un frisson parcouru l'échine de la jeune femme.
Produisant une musique rappelant une mélopée, la jeune Mokushi s'inspirait de l'environnement qui l'entourait et de ce qu'elle en percevait.
Tout ses sens s'envolaient bien au delà du monde réel. Jouer lui procurait la libération de son esprit et de son âme, un refuge dans lequel se perdre totalement. La dernière note étirée dans un final long et subtil acheva de la transporter ailleurs.

«Je dois me hâter!» se dit-elle, la réalité reprenant le dessus.

Cette vaste étendue d'eau qui courrait aussi loin où le regard pouvait porter sciait à merveille pour un bain.
La surface de l'eau, troublée par le vent qui venait la caresser pour former de petites vaguelettes argentées prenait la teinte qu'offrait le ciel. Tout dans ce pays ne semblait qu'être grisailles, et c'est dans cette amère scène que la blancheur immaculé d'un corps vient perturbé l'harmonie de ce tableau.
Mashia plongea dans l'eau limpide. Douce délectation! Un plaisir auquel elle ne voudrait jamais mettre fin...